[RP] LIVRE V – L’errance noire de Moritandil

Quelques jours seulement après avoir déposé son équipement et ses armoiries, ce qui restait du Seigneur Moritandil commença une errance qui devait durer maintes lunes et lui faire parcourir bien des milles. Etrangement, on pourrait s’accorder à dire qu’il s’effectua chez cet étrange elfe un quelconque effet de rétrogradation, une sorte de retour en arrière en quelque sorte. Comme si l’évolution commune à toute espèce et à tout être faisait à présent, chez lui, marche arrière.

Poussé par un inexplicable hasard ou un sombre destin, l’Etincelle Noire, qui n’avait d’étincelle plus que le nom, quitta Shattrath et pris la direction de la Porte, comme s’il désirait quitter l’Outreterre. Pourtant, on ne pouvait lire aucune motivation, aucune décision sur le visage de sombre de l’elfe. Il agissait comme un pantin. M’est avis, comme je l’ai dit, qu’il s’agissait là d’un sombre destin que bien peu de sage pourrait démêler et comprendre !

Quoiqu’il en soit, Moritandil suivit la route qui le mena bientôt dans les terres du Marécage de Zangar et, bientôt dans les grandes Péninsules des Flammes Infernales. Et plus il allait avant, plus il devenait sombre et morne. A son arrivé non loin de Thrallmar, le grand maître forgeron Krugosh, qui minait quelques bons filons de khorium, aperçut son élève (l’un de ses favoris assurément) et, le saluant, entama alors la discussion, désireux d’obtenir de rares nouvelles. Krugosh n’eut droit à aucune réponse, même pas un quelconque signe de tête, aucune salutation. Cela outra bien sûr au plus haut point le maître forgeron qui était aussi fier qu’un Kodo est immense. Cependant, grande est également sa sagesse et il remarqua certainement que quelque chose clochait (aussi, me permettrez-vous de penser que Krugosh a déjà pardonné à Moritandil).

Dans sa colère aussi soudaine que passagère, le forgeron ne manqua pas toutefois de remarquer que l’elfe taciturne voyager léger. Bien trop léger pour la région et bien plus léger qu’à sa grande habitude. Aussi, le dur au cœur tendre qu’était Krugosh contacta Zelanis, un grand maître voleur à Lune d’Argent, et lui demanda de dépêcher immédiatement un de ses agents afin que ce dernier assure, dans l’ombre, la protection de la fragile Etincelle Noire. Zelanis, qui avait alors une dette envers le forgeron, accepta bien sûr, étant fort aise d’effacer son ardoise aussi aisément. Aussi aisément, du moins le croyait-il. Mais j’anticipe quelque peu sur mon récit.

Ainsi, lorsque Moritandil parvint enfin à la Porte menant en Azéroth, il fut rejoint à son insu par un grand voleur du nom de Erindil, très apprécié de son maître Zelanis. Puis, le groupe, s’il en était un, franchit la Porte…

C’est à partir de cet instant que se tarit passablement l’histoire. Personnellement, je ne connais de ce périple que ce que l’on a pu me raconter dans différentes auberges. Aussi, peut-être y a-t-il quelques extravagances et histoires brodées. Ceci étant, soyez sûr de la véracité des évènements que je vous ai racontés jusqu’à l’arrivée de Moritandil à la Porte. J’ai moi-même questionné le bon Krugosh.

Bref, la suite du récit se passe dans le Royaume de l’Est, au cœur des Terres Ingrates. Des éclaireurs de Kargath auraient aperçu un elfe vagabond dans ces terres desséchées. Le pauvre bougre était poursuivi par une meute de loups qui flairait sa piste depuis quelques jours déjà. Mais alors que les éclaireurs décidaient de porter secours à notre homme, ils s’aperçurent que les bêtes périssaient dans d’épaisses volutes de sable. Attentifs à ce spectacle peu habituel, ils découvrirent enfin la présence d’Erindil, l’ombre protectrice. Après quelques doutes sur l’intention du discret personnage, l’assurance que ce dernier était l’un des nôtres et, qui plus est, bien faisant (du moins pour notre héros), les éclaireurs s’empressèrent d’envoyer un message au petit camp d’orcs séjournant dans les Paluns. Ils leur annonçaient l’arrivée du groupe et, dans leur bienveillance, leur demander d’accueillir le groupe comme il se devait. Ce dernier entamant la traversée de territoires extrêmement hostiles, des territoires ennemis et des territoires contestés (de loin les plus dangereux, m’est avis).

Le campement orc des Paluns, bien qu’ayant fort peu de moyens, mit tout son cœur à l’ouvrage pour préparer un accueil plus que descend à Moritandil et son protecteur. Et quelle ne fut pas leur colère quand l’Etincelle Noire passa à leur côté sans même leur jeter un regard, sans même les considérer. Un jeune orc, qui manquait encore de sagesse, cracha un juron au visage de l’elfe. Et alors, le jeune orc regrette amèrement son geste. Une peur immense le saisit, l’immobilisant, lorsque l’elfe noir posa les yeux sur lui. Tous purent lire dans son regard la folie qui naissait en lui. L’elfe fut pris de tremblement. Des tremblements liés à l’excitation. « Beaucoup de violence a été donnée et peu de douceur, dit en chuchotant un vieil orc, et toute celle qui restait en lui est parti. Son sang bout de l’envie de meurtre. » Tous se turent et cessèrent de bouger, priant pour que l’elfe passe son chemin. Car même si le camp comptait quelques guerriers, l’idée d’un bain de sang dans ces terres déjà trop hostiles ne les enchantait guère. Les yeux de Moritandil redevinrent froids, sans éclat et l’elfe reprit la route. « A voyager seul, on devient fou, reprit le vieil orc une fois l’elfe dans le lointain. Je prie pour lui qu’il retrouve clarté d’esprit et but. »

Et il ne fait nul doute aujourd’hui que Moritandil, après son départ de Shattrath, fit couler bien du sang pendant son errance. Car il parcourut des milles et des milles, bien souvent dans des contrées contestées où la Horde et l’Alliance s’affrontaient violemment. Et il ne fait non plus aucun doute sur le fait que notre héros fut bien souvent maltraité, mis à terre, et laissé pour mort. Car nous savons tous très bien comment sont les façons d’agir de nos ennemis… J’en vois qui acquiesce et je suis sûr qu’ils auraient bien des histoires à nous raconter eux aussi. Mais j’aimerais terminer la mienne – qui n’est pas loin d’être finie à présent.

Le dernier lieu, semble-t-il, où Moritandil le Noir fut aperçu n’est autre que la Vallée de Strangleronce. Là, dit-on, un violente rixe éclata non loin de Baie-du-Butin entre une poignée d’aventuriers appartenant à l’Alliance et notre pauvre Moritindil. Une rixe dont l’elfe noir serait sorti victorieux. Mais cela m’étonne quelque peu… bien que ce ne soit que tout le mal que je lui souhaite, il va sans dire ! Mais, seul et sans armes… Enfin ! Quoiqu’il en soit, ce fut la dernière fois qu’on l’aperçut. Depuis lors, plus aucune trace de lui, ni même un quelconque ragot.

C’est également à cette même période que disparut Erindil. Ce dernier, qui devait tout du long sa mission envoyer des rapports quotidien à son maître Zelanis à Lune d’Argent, cessa brusquement d’émettre des nouvelles. Sa trace disparut avec celle de Moritandil, et nul ne sait ce qu’il advint des deux elfes.

Quant à Zelanis, il se mord les doigts d’avoir envoyé à Krugosh pour cette mission l’un de ses plus fidèles et rusés agents. A l’écouter parler, Erindil, son favori, celui qui avait un grand avenir dans la carrière sombre qu’est celle des voleurs, n’est plus. Et, certainement a-t-il raison, car les missions des voleurs se traduisent généralement soit par leur réussite soit par la mort du voleur…

Ainsi se termine le récit de l’errance de Moritandil.

demain nouveau livre:" le retour de moritandil "

C'est marrant qu'un truc si bien écrit fasse moins parler les gens que celui de Chaussette...

Toujours très joli et triste, tu devrais penser à te reconvertir dans l'écriture d'Heroic Fantasy

j'ai adoré vivement la suite =) =)