LIVRE IX – De l’ombre à la lumière
A la suite de ces évènements, le fil du récit de l’Elfe Noir se découd. Plusieurs personnes affirment avoir aperçu Mormegil dans les chatoyantes terres des Elfes de Sang. Certains prétendent que, respectant la promesse faite à Erindil, l’Epée Noire se serait rendu au près du maître des voleurs de Lune d’Argent. Bien que tout cela tire plus des contes et autres rumeurs hasardeuses, il y a peut-être une part de vérité… En effet, quelques années après la naissance – si l’on peut dire – de Mormegil, la renommée d’un voleur de la race des Sin Dorei parcourrant les terres du Royaume de l’Est et prônant la destruction de l’Alliance grandit dans les rangs de la Horde. Ses paroles transpiraient la haine et le sang autant que ses dagues effilées. Sa haine de l’Alliance et la violence dont il faisait preuve dans ses discours perturbaient grandement les places et agoras des capitales Orc, Tauren, Réprouvés et Sin Dorei. Et alors que la Horde, faisant preuve de toute sa faiblesse d’organisation mais également d’esprit, tendait à s’éloigner de Mormegil, ou plutôt s’efforcer d’exiler le malheureux, le paria, l’insoumis à la puissance de l’Alliance, la grande guilde des Ally’s Nightmare se pencha sur son cas. Pour on ne sait quelles raisons, Mormegil attira la sympathie de cette guilde renommée et bientôt, un émissaire fut dépêché pour rentrer en contact avec l’Epée Noire. Bien étrange est le Destin ; car nul n’est sensé ignorer qu’il s’agissait là de la guilde de l’infortuné Moritandil, disparu alors depuis plus d’un siècle. Il n’est pas raconté quelle fut la réaction de Mormegil à la proposition d’intégrer les Ally’s Nightmare, nous savons seulement qu’il l’accepta après quelques temps de réflexion.
Il apparut alors que Mormegil poursuivait son chemin sur la voie des ombres et du silence, s’appropriant les talents de voleur et d’assassin. Très attaché à son apprentissage et à son maître, il n’était qu’aux prémices de son art. Ainsi on peut donc voir une certaine véracité dans les récits chantant l’arrivée et les exploits de la Lame Noire au cœur des Bois des Chants Eternels. Quelles furent les motivations de Mormegil qui, par le biais des connaissances de Moritandil enfoui quelque part en lui, pour s’aventurer sur cette voie ? Prendre, à la base, l’enseignement d’une classe paraît pour la plus part des gens un acte pénible et de longue haleine mais imaginez donc pour quelqu’un qui maîtrise déjà l’art du combat, de l’épée et du bouclier ? Quoiqu’il en soit, Mormegil pénétra dans le cercle des Ally’s Nightmare en tant que voleur, apprenant la maîtrise des dagues et de talents sournois. Ne cachant pas son désir de destruction et son goût pour le sang des membres de l’Alliance, l’Epée Noire, qui devait bientôt se teinter de pourpre, pourrait laisser libre court à sa folie, s’il s’agissait bien de folie, grâce au déluge de lames, l’art du voleur.
Mais peu importe les raisons qui poussèrent Mormegil à devenir un voleur assidu des cours tenus par son maître, qu’il critiquait la faiblesse de Moritandil et de son bouclier face à la menace de l’Alliance est sans doute une explication plus que suffisante.
Bientôt, l’Elfe se rendit au sein de sa nouvelle guilde, dans leurs murs, afin de s’installer, prendre sa place et ses repères. En parcourrant les salles, bien souvent désertes malgré des signes de fréquentation récente, il s’arrêta devant l’une d’elle qui attira particulièrement son attention. La porte était fermée, mais non à clé – comme la plupart des autres portes d’ailleurs. Il l’ouvrit lentement, l’entrebâillant dans un premier temps, puis la poussant violemment afin de l’ouvrir en grand. La lumière d’une torche non loin de là pénétra la salle vierge et, s’engouffrant au travers de quelques toiles d’araignée, s’arrêta sur quelques objets, posées sur des meubles de bois anciens. Une cotte de maille lança un éclair de lumière vif, alors qu’un bouclier scintillait d’une douce lueur. A la vue de la hache, posée à côté du bouclier, Mormegil ne put s’empêcher de ressentir un certain dégoût : comment pouvait-on se proclamer Seigneur, se dire chevalier du faible, avoir une quelconque prestance et cingler à sa ceinture une hache, qui plus est si peu raffinée, si… barbare ? Un frisson parcouru l’Elfe qui s’empressa de refermer la porte et de poursuivre son chemin.
Mais, seulement quelques mètres plus loin, il ne put plus se contenir. Agacé par la vision de cette pièce qui restait imprimée, bien malgré lui, dans sa tête, il se décida :
- Je n’ai nul besoin d’appartement, de salle ni même de chambre ! S’enraciner à de tels superflus est le plus sûr chemin vers la paresse, l’ennui et la faiblesse ! Je suis un voleur ! Le monde est ma maison, ma dague est mon gagne pain et la bourse des ennemis ainsi que leur sang, ma pitence ! Au diable ces futilités ! Je n’ai pas accepté leur offre pour ce confort médiocre ! Mon seul but et, de fait, les seuls moyens me permettant d’y parvenir sont la destruction de l’Alliance, la croissance et l’étendue de nos terres, les terres de la Horde ! Et les moyens qui m’intéressent sont la force et le nombre que pourra m’apportait n’importe quelle communauté !
Le sang bouillonnait à nouveau dans ses veines. Ses mains se portèrent à ses armes et, d’un coup franc et d’un seul, il abattit son épée sur un tonneau qui traînait là, le fracassant et répandant une boisson de couleur brune dont les effluves rappelaient vaguement la bière.
Puis, un peu plus calme à présent, Mormegil reprit son chemin, sa route vers l’apprentissage des donneurs de mort.
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Dim 12 Oct - 14:29
